1. Une consommation d’anime qui diminue avec l’âge


Le rapport intégral de l’étude est diponible en libre téléchargement.


L’enseignement le plus magistral de cette étude, constaté en continu tout au long du questionnaire et facilement observable dans la pratique, est le suivant : en matière de consommation d’animation japonaise en France, on regarde de moins en moins d’anime à mesure qu’on vieillit. Cette tendance lourde qui gouverne tant les pratiques que les opinions, en passant par les attentes à l’égard de l’offre d’animation, recouvre deux variables qui s’avèrent des plus clivantes chez les personnes interrogées : l’âge et le volume de consommation d’anime. Se dessinent donc deux fractures fondamentales au sein du public de l’animation japonaise en France : une fracture générationnelle et une fracture de volume de consommation.

L’élément fondamental : la fracture générationnelle

La variable de l’âge se révèle être la plus lourde, car c’est celle selon laquelle le mode de vie des personnes varie le plus. En effet, à différentes étapes de la vie, on n’a pas forcément le même temps à consacrer à ses passions, le même budget, ni les mêmes centres d’intérêt. De fait, il est tout à fait logique que les plus jeunes (scolarisés) ne se consacrent pas à l’animation japonaise de la même manière que les actifs – par définition occupés –, a fortiori si ceux-ci sont en ménage. Une réalité qu’illustre le graphique ci-dessous.

graph1

On voit sur cet exemple, qui ne prend en compte que les tranches d’âge extrêmes, que les aînés témoignent d’une consommation sur le déclin alors que les plus jeunes, dans des proportions importantes, affichent un rythme de visionnage quasiment « boulimique » en comparaison. Ainsi, 44  % des trentenaires sont des « consommateurs occasionnels » d’anime (c’est-à-dire qu’ils regardent en moyenne moins d’un épisode par jour) contre seulement 14  % des mineurs. A contrario, la moitié de ces derniers consacre au moins une heure par jour à l’animation japonaise, contre 18  % chez leurs aînés.

La conséquence directe : la fracture de consommation d’anime

La variable du volume de consommation d’anime, dont on vient de voir qu’elle est intimement liée au facteur de l’âge, constitue une mesure de l’intensité de la consommation d’animation japonaise. Afin de réaliser cette mesure, l’étude a proposé aux participants d’exprimer leur volume de consommation en nombre moyen d’épisodes regardé par semaine. Les réponses obtenues ont été séparées en quatre tranches comprenant un nombre comparable de répondants.

graph2

Comme le montre le graphique ci-dessus, il ressort que l’échantillon interrogé se caractérise par une assiduité particulièrement forte : ainsi, près de trois quarts des interviewés regardent en moyenne au moins un épisode par jour. Si, pour des raisons expliquées plus en amont, il serait aventureux de considérer ces résultats concernant l’ensemble des personnes interrogées comme représentatif, ces scores élevés suggèrent que les amateurs d’anime seraient en grande part des spectateurs particulièrement assidus et que ce loisir est le plus souvent pratiqué à un rythme soutenu.

Si l’âge conditionne le volume de visionnage d’anime, ce dernier influe à son tour lourdement sur les comportements et les opinions des amateurs d’animation japonaise français. Ainsi, en isolant les personnes se rangeant dans chacune de ces tranches de volume de consommation, on observe de réelles différences dans leurs réponses, et ce tout au long de l’étude (ce qui est exposé dans le présent rapport). C’est par exemple le cas pour la question de l’offre dématérialisée, à l’égard de laquelle les opinions peuvent se révéler totalement divergentes selon qu’on s’adresse aux consommateurs occasionnels, aux gros consommateurs, aux plus jeunes, aux plus vieux, etc.

Ces fractures générationnelle et de volume de consommation sont donc des éléments fondamentaux pour comprendre l’opinion des amateurs français d’anime à l’égard des pratiques et de l’offre actuelles.

ENJEUX

Si « on regarde de moins en moins d’anime à mesure qu’on vieillit », quelle perspective cela laisse-t-il à un marché de l’animation japonaise français en berne ? Le fait que les plus âgés, soit ceux qui achètent le plus, consomment de moins en moins constitue-t-il une impasse ? Comment faire de la consommation intense des jeunes une source de revenus pour alimenter la production d’animation ? Ces défis impliquent plus que jamais la nécessité pour les acteurs du marché de s’adresser de manière différenciée à chaque segment du public : d’un côté des spectateurs prêts à payer occasionnellement pour un produit abouti mais plus sélectifs dans leurs choix ; de l’autre, un public jeune qui visionne beaucoup et vite sans pouvoir payer proportionnellement à cette consommation.

2. L’offre légale : une place encourageante dans les pratiques

Share Button